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Corriger la perte auditive
Dans le cas d’un patient adressé par un ORL avec une perte d’audition et des acouphènes, la solution va passer par l’appareillage. Les fabricants d’appareils auditifs ont, aujourd’hui, tous pris en compte le fait qu’il y ait des patients avec perte auditive associée à des acouphènes. Globalement, tous les appareils sont munis de masqueur d’acouphène intégré. Cela nous permet de l’activer ou non et d’avoir deux programmes. Pour ceux qui se plaignent d’acouphènes, on leur propose un premier programme sans masqueur pour uniquement corriger la perte auditive. Cela va réafférenter 4 les voies auditives, réactiver les neurones des zones concernées par l’acouphène, leur faire entendre des sons qu’ils n’entendaient plus et avoir pour effet de masquer l’acouphène.
Dans 80 % des cas, le fait de porter l’appareil auditif va atténuer la gêne de l’acouphène. On parle de masquer, parce que, quand la personne retire son appareil, l’acouphène est présent. Si elle porte un appareil bien réglé sur la fréquence de l’acouphène, on a très souvent un résultat positif. Si cela ne suffit pas et que la gêne persiste, un deuxième programme peut être proposé, et activé par un bouton poussoir ou une télécommande. Il s’agira, soit d’un masqueur simple, soit d’un masqueur associé à une amplification.
Les masqueurs d’acouphènes
On explique ce qu’est un masqueur d’acouphène car souvent la réponse est : « J’ai déjà un acouphène, pourquoi vous voulez m’en donner un autre ? ».
Il y a deux raisons : l’acouphène est un bruit que vous subissez et, à partir de ce moment, au niveau du tronc cérébral 5 , il va prendre une fonction d’alerte. Vous allez vous fixer sur votre acouphène et cela va devenir obsessionnel. Par contre, quand vous provoquez un son, il est naturel et il n’est pas perçu par le système central et il est donc très vite oublié.
Par exemple, la climatisation au bureau fait toujours un peu de bruit. Le matin, vous l’entendez en permanence et, au bout de 5 minutes, vous ne l’entendez plus ou, plutôt, vous n’y faites plus du tout attention. Le soir, quand vous la coupez, vous avez l’impression de tomber dans le vide parce que vous ne l’entendez plus.
C’est précisément le principe du masqueur d’acouphènes. Ce n’est pas un bruit en plus. Je propose aux patients de s’appliquer un bruit eux-mêmes, donc consciemment, et, au bout de quelques minutes, ils ne vont plus y faire attention parce que leur acouphène qui était un bruit d’alerte va passer au stade de bruit conventionnel, habituel, comme l’histoire du climatiseur. Il est donc neutralisé par le cerveau. On parle de clients stars, ceux dont le port de l’amplificateur fait estomper immédiatement le bruit de l’acouphène. Ils savent immédiatement si leur pile d’appareil est en panne.
En fait c’est une histoire de contraste : si vous entendez mal, votre acouphène est noir sur blanc et, si vous entendez un petit peu mieux, votre acouphène est noir sur gris et, à ce moment-là, il est moins perçu et moins désagréable. Par contre, il y a ceux dont la seule amplification ne suffit pas et il faut y associer un masqueur. En effet, on a des systèmes qui nous permettent de faire choisir par le patient le bruit qu’il va entendre dans son appareil. Pour cela, il va utiliser une tablette lui permettant de changer la fréquence du son. Il doit ensuite choisir, un, deux, ou trois sons qui lui paraissent les plus confortables, les plus efficaces pour soulager son acouphène. Puis, on charge ces bruits dans le second programme de son appareil, qui va inclure la correction auditive et les bruits choisis.
On s’est aperçu que, au début, les acouphéniques utilisaient beaucoup le deuxième programme puis, peu à peu, ils l’oublient, et finalement restent plutôt sur le premier programme avec la simple correction auditive. Nous avons maintenant des appareils appelés contour d’oreille pas très esthétiques mais efficaces et pratiques. Il existe aussi des appareils plus discrets qu’on appelle des RIC (écouteur déporté dans le canal). Ils comportent tous un masqueur d’acouphène quelle que soit la gamme ou la marque. Un appareil d’entrée de gamme à 800 € comporte un masqueur aussi efficace que dans un appareil haut de gamme à 1 800 € qui a beaucoup plus de canaux d’amplification. Les fabricants nous proposent des masqueurs multifréquences. On peut même avoir des masqueurs d’acouphènes dans les appareils dit intra auriculaires, ce qui n’était pas le cas récemment. Pour ce dernier appareil, il faut appuyer sur un petit bouton pour mettre ou arrêter le masqueur.
4 Réafférenter : réactiver les neurones des zones concernées par l’acouphène.
5 Tronc cérébral : Il appartient au système nerveux central.
Les différents sons
Il existe maintenant sur les sites Internet des fournisseurs d’appareils, des applications pour smartphone ou iPhone qui sont des générateurs de bruits : bruits blancs, bruits roses, musiques douces, disponibles gratuitement. Vous pouvez aussi trouver des streamers, sorte de collier, qui vous permet de recevoir ce qui vient de votre téléphone par liaison Bluetooth®. Il y a des bruits intéressants pour les acouphènes comme les bruits fractals. Ce sont des séries de fragments sonores qui n’ont pas de suite logique mais qui vont vous distraire de votre acouphène. Exemple de bruit fractal : le bruit du bois qui craque dans le feu de la cheminée. Ce type de bruit peut être transmis à votre appareil auditif à partir de votre téléphone portable. Tout en écoutant ce qui se passe autour de vous, vous avez en permanence ce bruit dans votre oreille avec la possibilité de le gérer vous-même et même de vous endormir en programmant son arrêt.
Les appareils à ancrage osseux
Il existe des appareils auditifs, qui sont en insertion profonde, que l’on garde pendant deux mois et que l’on retire après.
Il y a des études en cours sur un appareil que l’on porte jour et nuit et que l’on peut arrêter quand on veut, mais, en pratique, les patients ne l’arrêtent jamais.
On s’est rendu compte que de réactiver en permanence les voies auditives permet souvent de faire disparaître les acouphènes et cela répond à la remarque de beaucoup de personnes qui disent : « Je suis obligé de garder mon appareil la nuit, sinon mes acouphènes me gênent pour dormir. ». En fait, seul l’audioprothésiste peut poser un appareil de ce type, car il est placé très près du tympan. Le patient peut, par contre, le retirer, par exemple, lorsqu’il doit passer un IRM.
La question du changement de pile : dès lors que l’on est très près du tympan on a pas besoin de beaucoup d’énergie et il n’y a pas de traitement de signal, c’est un appareil analogique donc avec une très faible consommation (la consommation de piles a augmenté depuis que les appareils sont numériques). Officiellement, on peut garder l’appareil trois mois sans changer de pile. Mais, pratiquement, on atteint 2 mois à 2 mois et demi pour une utilisation permanente.
Un détail : dans les appareils actuels il y a une possibilité de couper les sons faibles. Par exemple, il n’y a plus amplification de sons situés en dessous de 30 dB. Or les acouphéniques ne supportent pas le silence ; il faut donc maintenir l’amplification des sons faibles. Voilà une solution trouvée pour que les acouphèniques portent un appareil en permanence à condition que le conduit auditif soit exempt de toute imperfection. Il faut ajouter l’inconvénient du prix : ce type d’appareil est proposé par abonnement aux environs de 1 500 euros par appareil et par an. C’est pris en charge par la Sécurité Sociale et les mutuelles au même tarif qu’un appareil conventionnel, base de 120 euros pour la Sécurité Sociale, ce qui est faible.